2008
passage
Mémoire
gouache
1998/2004
d’Island
1994
Texte de Jean-P. Bouillin
Un hymne aux forces de la nature, interprété selon une impressionnante technique de dessin : Monique BROCHET donne à voir – et à ressentir – les secousses de notre planète, à travers des mouvements de lave ou d’océan.
Aucune recherche d’effet spectaculaire par de grands éclats multicolores: la seule puissance du noir et blanc, géré avec une rare maîtrise, exprime une sorte d’envoûtement, de fascination, devant les pulsions telluriques qui à la fois nous dépassent et nous habitent. Est-ce l’écume sur le granit, la vapeur qui auréole la pierre en fusion, un fragment de roche à l’aspect de remparts abattus, ou quelque part un peu de notre « moi profond » qui naît à l’image ? Le dessin est là, exigeant, qui pose la question.Rien dans cette oeuvre ne laisse indifférent car Monique BROCHET a ce pouvoir magique de susciter en nous des images personnelles à partir de celles qu’elle nous offre, de faire surgir une relation intime entre les forces de son univers et celles de notre inconscient. Ses motifs provoquent une sorte d’écho intérieur, familier, qui procède d’une part secrète de notre être. Une telle peinture agit comme un révélateur et c’est peu dire qu’elle oblige à participer, tant il est vrai que le regard que nous portons sur elle nous fait retrouver les sourdes émotions de nos propres fibres.
Dans ses oeuvres récentes, le feu rôde ou explose, au gré du contraste avec un fond à dominante noire, intense, minéral. Jaillissement prometteur de chaleur et de vie, la couleur apparaît, flamboyante, libérée.
Chez cette artiste, le rouge n’est pas synonyme d’interdit mais d’accomplissement, d’éruption, de naissance : aube d’une période nouvelle dans sa démarche de création.
Jean-P. BOUILLIN